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Comment créer sa marque de vêtements ?

Comme tout projet de lancement d’entreprise, créer sa propre marque de vêtements requiert une excellente préparation en amont, et ce, quelque soit le type de vêtement ou accessoire que l’on souhaite lancer. Se lancer dans son projet de création de marque de vêtement va mobiliser des compétences dans plusieurs domaines: créativité et innovation, marketing, confection, sourcing, ou encore logistique.

Le domaine du prêt-à-porter est varié et se décline en plusieurs sous-domaines tout aussi divers en termes de styles et de produits proposés. Dans tous les cas, l’entrepreneur devra démontrer une grande créativité, un sens d’innovation pour rester en avance sur les tendances du moment et des capacités de négociation pour faire vendre sa marque.

Le marché de la mode en France

Il est bon de réaliser, dès le départ, que l’univers du textile et de la mode est extrêmement exigeant et hautement concurrentiel. Le marché français bénéficie d’une image de qualité et de raffinement qui lui procure, depuis plusieurs décennies, un avantage concurrentiel sur lequel il peut être intéressant de miser.

Depuis la crise financière mondiale en 2008, le marché français a vu une baisse des dépenses des ménages pour le prêt-à-porter. La moyenne des dépenses est passée de 1150 euros à 1000 euros, bien qu’une légère reprise s’est fait sentir dès 2015.

Le marché du prêt-à-porter se caractérise par une très grande concurrence et se compose de quelques segments forts que sont le prêt-à-porter féminin, le prêt-à-porter masculin, les chemises, les pulls, les sous-vêtements et les pyjamas, les vêtements pour bébés et les autres types de vêtements.

Les ventes dans ce marché sont véritablement saisonnières et depuis quelques temps, sont aussi directement dépendantes des conditions climatiques. On note une évolution vers une augmentation des périodes de soldes, celles-ci sont devenues maintenant habituelles et attendues.

Le marché du prêt-à-porter voit aussi une hausse de ses ventes dans les réseaux franchisés. Cela pénalise les détaillants indépendants qui vendent plusieurs marques, mais on constate que ces-derniers restent quand même nombreux et leaders en chiffre d’affaires. Les ventes du prêt-à-porter se sont rapidement développées sur internet et représentent 20% du chiffre d’affaires du marché en France.

Les grandes marques ont développé leur propre stratégie de vente par internet pour ne pas perdre de part de marché. Nous l’avons vu, le prêt-à-porter est marqué par de rapides évolutions de tendances et une forte innovation, facteurs qui représentent des risques pour les entrepreneurs et qui demanderont une grande faculté d’adaptation et de réactivité.

La réglementation du marché du prêt-à-porter

La réglementation dans ce domaine n’est heureusement pas compliquée et les obligations sont principalement relatives à l’étiquetage des produits (règlement communautaire n° 1007/2011/CE de 2011).

Le règlement d’étiquetage demande le respect des conditions suivantes :

  • Le produit doit impérativement comporter sur son étiquette le détail en pourcentage des différentes fibres textiles contenues dans le vêtement. Ces détails doivent être en français et doivent être lisibles.
  • Dans les cas d’exportation, il faudra mentionner le pays de fabrication du vêtement par la mention “made in…”. Si aucune exportation n’est prévue, la mention n’est pas obligatoire mais elle est conseillée.
  • Afin d’éviter les complaintes des consommateurs, il est recommandé (quoique non obligatoire) de mentionner sur une étiquette les conditions d’entretien du produit telles que les méthodes de lavage, l’utilisation possible d’agents blanchissants tels que l’eau de javel, le séchage, le repassage et le nettoyage à sec. Si ces conditions sont mentionnées sous forme de symboles, il faudra obligatoirement suivre la convention d’étiquetage du Comité français de l’étiquetage pour l’entretien des textiles (COFREET).

D’autres règlements concernant la vente en magasin devront être respectées :

  • Le magasin doit répondre aux normes d’accessibilité et de sécurité
  • Les prix doivent être affichés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du magasin
  • Si la magasin diffuse de la musique, il a l’obligation de contribuer à la SACEM
  • Les affichages à l’attention du personnel, normalement obligatoires en entreprise, doivent être faites en magasin

Les étapes pour la création de sa marque de vêtements

Nous vous présentons ci-dessous les étapes essentielles à suivre pour lancer votre marque de vêtements avec succès. Certaines étapes seront élaborées en détails plus loin dans cet article.

1. L’univers de votre marque

Commencez par imaginer l’univers de votre marque, c’est-à-dire le nom, les couleurs, le logo et comment vous souhaitez vous positionner. Montrez-vous créatif tout en restant simple et en conservant votre identité. Vous pouvez vous inspirer de vos marques favorites. Une fois décidé, assumez vos choix.

2. L’étude de marché

Cette étape est certainement la plus importante car elle permettra de valider ou pas votre idée en vous basant sur des éléments concrets. Vous pouvez commencer par faire une pré-étude sur le segment que vous visez (t-shirts, sous-vêtements par exemples) pour ensuite faire un questionnaire d’étude de marché et obtenir des informations sur les tendances, les besoins, les désirs et les attentes de votre future clientèle.

3. Le dépôt de votre nom de marque

Lorsque vous aurez défini votre marque, vérifiez que le nom soit bien disponible et déposez votre marque dans les meilleurs délais. L’intérêt de déposer sa marque est que cela confère uniquement au propriétaire le droit d’exploiter le nom pour la fabrication et la commercialisation des produits et d’en tirer des bénéfices, pour une période de dix ans renouvelable.

Lorsque le nom est déposé, la marque permet à l’entrepreneur propriétaire de se distinguer sur le marché par rapport aux autres produits similaires existants. Le dépôt de la marque permet également d’être protégé en cas de contrefaçon ou d’exploitation illégale.

4. Les partenaires

Faites une recherche pour identifier les fournisseurs et les sous-traitants avec lesquels vous allez travailler. Les sous-traitants aux meilleurs prix se trouvent souvent à l’étranger. Ils imposent des minimums de commande, il faudra donc prévoir cela lors de la recherche d’investissement initial. Vous pouvez éventuellement créer des lignes et tester vos créations sur un échantillon de consommateurs avant d’aller de l’avant avec de grosses commandes de production.

5. Le business plan et le plan financier

Après avoir réalisé votre étude de marché, vous pourrez faire votre business plan et le plan financier, primordiaux pour la recherche d’aide et de financement. Ces documents sont demandés par toutes les banques et les autres organismes de financement.

6. L’espace de vente et de stockage

L’emplacement de vente et de stockage doit être choisi avec soin, surtout si vous comptez réaliser une bonne partie de vos ventes en magasin ou showroom. Signez un bail commercial pour sécuriser votre emplacement.

7. La formalisation d’entreprise

Étudiez les possibilités de statuts d’entreprise et choisissez celui qui vous convient le mieux. Pour la création de l’entité, vous pouvez passer par la chambre de commerce s’il n’y a pas de production et par la chambre des métiers s’il y en a une. Prenez aussi un expert comptable pour vous assurer que toutes les règlements requis selon la loi seront suivis.

8. La communication autour de votre marque

Vous allez devoir établir un plan de communication pour une certaine période (6 mois ou un an). Il vous faudra créer les éléments graphiques et publicitaires tels que les brochures, plaquettes, cartes de visite, PLV, site internet etc. Sollicitez l’aide d’une agence spécialisée pour recruter des mannequins et faire des séances photos. Organisez un évènement pour le lancement.

La procédure pour le dépôt de la marque

Tout d’abord, il vous faut établir une liste exhaustive des produits et services qui seront couverts par la marque. En effet, seront protégés uniquement les produits et services déposés. Soyez donc attentif et précis à cette étape.

Dans un deuxième temps, faites une recherche de disponibilité pour le nom à l’INPI, pour voir si celui-ci n’a pas déjà été déposé dans le même domaine d’activité ou un domaine similaire au vôtre. Cette vérification peut se faire en ligne ou sur place à l’INPI. Vous pouvez faire appel à un professionnel de la propriété industrielle afin d’éviter toute possibilité de litige.

Pour le dépôt, vous remplissez un formulaire et ligne ou sur papier et le soumettez à l’INPI. Il vous sera délivré un accusé de réception contenant la date et le numéro de dépôt. Le dépôt est publié au bulletin officiel de la propriété industrielle (BOPI). L’INPI examine la demande et transmet les éventuelles objections ou observations. Par la suite, la marque est enregistrée. Il vous sera délivré un certificat d’enregistrement une fois la publication d’enregistrement effectuée au BOPI.

Le choix du statut d’entreprise

On compte, parmi les structures possibles d’entreprise, la micro-entreprise, l’entreprise individuelle (EI), l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL), l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), et la société à responsabilité limitée (SARL). Il convient d’analyser toutes les conséquences fiscales et sociales et les obligations légales requises pour chaque statut d’entreprise afin de choisir la forme juridique qui vous convient le mieux.

Pour vous aider à prendre cette décision importante, demandez-vous combien de personnes seront engagés dans le projet et quel sera leur rôle: associés, salariés, partenaires etc. N’hésitez pas à solliciter les conseils d’un expert juridique pour être sûr de démarrer l’entreprise sur de bonnes bases et ainsi éviter les mauvaises surprises pouvant mettre à mal votre activité au niveau légal et comptable.

L’importance du business plan et du plan de financement

Le business plan permet de démontrer que votre projet d’entreprise est viable sur le moyen et long terme. Le business plan pose le projet d’entreprise de manière claire et chiffrée. Il donne les éléments du marché, de la clientèle visée, de la concurrence, des ressources humaines et financières nécessaires, de votre positionnement, des profits espérés, entre autres.

Le business plan permet à l’entrepreneur d’avoir une visibilité sur la rentabilité de son projet et la capacité à générer de la valeur. Il faut non seulement considérer les revenus et les dépenses, mais il faut inclure tous les acteurs de la chaîne: conception, production, vente, promotion etc. Il permet donc d’évaluer les besoins en financement et de se projeter avant de lancer l’activité.

Le plan de financement sert de support pour la santé financière du projet d’entreprise. Il établit une prévision des revenus qui comptent être générés, le temps prévu pour obtenir ces revenus, une estimation des charges, le point mort, les besoins en fonds de roulement par exemples. Un plan de financement prévisionnel doit être présenté sur une période allant de trois à cinq ans.

L’exercice du business plan et du plan financier doit être pris sérieusement car ces documents doivent donner de la crédibilité à votre projet auprès d’investisseurs. N’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels pour l’écriture du business plan et du plan de financement.

Obtenir un financement

Créer et lancer sa propre marque de vêtements demande un capital de départ relativement conséquent. Dans un premier temps, faites appel à vos économies pour lancer votre projet. Lorsque vous ressources personnelles seront épuisées, vous pouvez considérer faire appel à des investisseurs pour lever des fonds.

Vous pouvez solliciter des banques ou des organismes dédiés pour bénéficier d’un crédit professionnel. C’est à cette étape qu’entrent en jeu votre business plan et votre plan financier. Si ceux-ci sont solides et concrets, vous aurez toutes les chances d’obtenir le financement demandé.

L’étude de marché

L’étude de marché permet de valider votre idée “dans la réalité”. Au-delà de prendre connaissance des goûts et préférences de votre clientèle cible via des questionnaires, l’étude de marché peut prendre une tournure de véritable enquête de terrain. Vous irez observer la concurrence, échanger avec d’autres créateurs. Faites le plus de rencontres possibles, montrez-vous curieux et observateur, mais ne parlez pas de votre propre marque.

Procédez à des recherches et des études terrain sur le marché visé (la taille, le cycle, la croissance, la rentabilité), la concurrence (directe ou indirecte, la part de marché, les chiffres annuels et la croissance), les fournisseurs et la distribution, la réglementation spécifique s’appliquant au produit commercialisé.

Trouver des sous-traitants

Il est évident que vous ne pourrez pas tout faire. Lorsque vous aurez identifié quel sera votre coeur de métier, il vous faudra externaliser les autres tâches. Concernant votre projet de marque de vêtements, identifiez les sous-traitants qui inspirent confiance et qui comprennent non seulement votre langue mais aussi votre projet et vos attentes. Certains prestataires peuvent vous faire une offre globale incluant la conception mais aussi la production.

Étudiez les conditions qu’ils proposent en termes de qualité, quantité, prix, modes de paiement et délais de livraison. Négociez les prix dès que vous les aurez obtenus. Certains pays tels que le Maroc, la Turquie, la Tunisie, et les pays d’Asie se spécialisent dans la sous-traitance textile. Vous pouvez identifier les entreprises sous-traitantes dans le textile en faisant une recherche sur internet et sur les places de marché en ligne (Alibaba par exemple). Vous pouvez aussi demander de l’aide à l’organisme Business France.

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