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Comment devenir éleveur canin ?

Lancer un élevage de chiens est en soi une vraie activité agricole. Un éleveur est quelqu’un qui vend plusieurs animaux provenant d’une femelle reproductrice lui appartenant. Les lois réglementant la vente de chiens se sont durcies depuis le 1er janvier 2016.

Ainsi, il est obligatoire pour tout éleveur de s’immatriculer à la chambre d’agriculture pour un élevage, quelqu’en soit la nature. Cela supprime de facto les élevages familiaux. Il est cependant possible pour un éleveur d’obtenir une dérogation s’il commercialise une seule portée d’animaux de race par an, inscrits dans les livres généalogiques. Nous vous présentons ici tout ce qu’il y a à savoir sur l’élevage canin.

Les dérives du marché d’élevage d’animaux

Bien qu’il se porte plutôt bien, le marché d’élevage d’animaux souffre de nombre de dérives. Le trafic de chiens est l’un des plus profitables dans le monde et de nombreux réseaux existent pour les transits en Europe de l’Est. De ce fait, il y a beaucoup d’élevages clandestins. Du fait du manque de contrôle dans ces animaleries clandestines, la qualité ne se trouve pas toujours. De plus, certains éleveurs favorisent les races hypertypées, ce qui fait que ces animaux souffrent d’une mauvaise santé.

Il faut noter que les fédérations dominent le marché d’élevage d’animaux. Les clubs peuvent ainsi décourager le développement d’élevage de certaines races de chiens. Beaucoup d’éleveurs sont victimes de vols, une vraie catastrophe pour leur commerce d’animaux. Finalement, certains clients se procurent un animal sous l’effet d’un coup de coeur. Une fois que l’animal a intégré le quotidien de la famille, certains propriétaires se retrouvent dépassés par les responsabilités qui accompagnent la garde d’un animal de compagnie et se retrouvent à abandonner leur animal.

Réussir le lancement de son élevage

Pour ceux et celles qui se posent la question de savoir comment lancer son activité d’élevage canin avec succès, voici quelques pistes de réflexion.

Nous vous conseillons de bien choisir la race pour laquelle vous allez créer votre activité d’élevage. Renseignez-vous sur le comportement et les caractéristiques des races. Ne vous hasardez pas, au lancement de l’activité, sur plusieurs races simultanément. En effet, choisissez une ou deux races seulement pour débuter. Procédez à une étude de marché pour être au courant des tendances. L’outil google trends peut vous renseigner sur les mots-clefs les plus utilisés dans les moteurs de recherche sur le sujet de races de chien.

Lors du lancement de votre activité, misez sur la qualité des animaux et leur bien-être. Cela va rassurer les clients de savoir que les chiens proviennent d’un environnement sécurisé et cela vous permettra aussi de proposer un prix plus élevé. Favorisez les communications sur les réseaux sociaux tels que Facebook et publiez des photos de qualité. N’hésitez pas à solliciter des témoignages de clients satisfaits sous forme de vidéos. Mettez en place un partenariat avec un vétérinaire, cela vous permettra de prodiguer des soins à vos animaux à tout moment.

Proposez également des activités annexes telles que le dressage, le toilettage et le gardiennage. Finalement, n’oubliez pas que l’élevage est un métier contraignant et qui comporte des risques. Vous devez être disponible tous les jours et à toute heure pour vos animaux et être capable de prodiguer les premiers soins en cas d’urgence. De plus, vous allez devoir vous montrer particulièrement attentif aux risques de maladie ou de mauvaise portée qui pourraient dégrader les finances de votre activité et saper votre moral.

Le statut juridique approprié

Il faut noter avant tout que l’élevage de chiens étant une activité agricole, il n’est pas autorisé de l’exercer à travers une micro-entreprise. Le statut le plus accessible pour débuter cette activité est celui d’agriculteur cotisant solidaire. Les bénéfices de vente doivent impérativement être déclarés et tombent sous l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC).

L’activité doit être déclarée auprès de la chambre d’agriculture et, si il y a plus d’une portée produite annuellement, en Préfecture également.

En savoir plus sur les différents statuts des sociétés agricoles

Les formations requises pour être éleveur canin

La loi impose une formation seulement si l’éleveur va vendre plus d’une portée de chiens annuellement. La loi oblige que l’éleveur (ou toute autre personne travaillant dans l’élevage) dispose d’une qualification dans la liste suivante :

  • Soit une certification professionnelle (par exemple un diplôme d’agriculteur)
  • Soit une certification de capacité (délivré avant le 1er janvier 2016)
  • Soit une attestation de connaissances, donnée par une DRAAF

L’attestation de connaissance ne peut être délivrée que par des établissements régionaux habilités. Pour l’obtenir, il faudra suivre une formation de courte durée couvrant les thèmes du logement, de la reproduction, de l’alimentation, de la médecine animale, de la sélection, du comportement, du transport et du droit. Un test informatique conclut la formation suivie.

Au niveau des diplômes, un Brevet Professionnel “éducateur canin” a récemment été mis en place pour les éleveurs. Il se prépare sur deux années et il est reconnu par l’État. Il est possible d’intégrer ce diplôme après la troisième et dans le cursus de seconde professionnelle. Il faut noter que peu d’établissements proposent ce diplôme en France.

Il est possible d’avoir recours à une qualification dispensée par des écoles privées mais qui ne sont pas reconnues par l’État. Les formations sont données de manière à être rapidement validées. À l’issue des formations, il est délivré un certificat de capacités animales domestiques (CCAD) qui est aussi valable auprès de la chambre de commerce. Pour ce type de formation, il est recommandé d’éviter les écoles dont le programme dure moins d’un an, de façon à être sûr de bien maîtriser toutes les techniques nécessaires.

Quelles normes faut-il respecter ?

Normes sanitaires et normes de protection animale: Ces normes doivent être respectées par tous les éleveurs. Si l’éleveur commercialise plus d’une portée par an, il doit déclarer l’élevage à la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) ou à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP).

  • Les normes d’établissement : Les éleveurs dont l’activité héberge plus de 9 chiens qui sont âgés au-delà de quatre mois sont soumis à la réglementation des Installations Classées ou Autorisées et doivent déclarer leur activité.
  • Les normes de respect du voisinage : Les éleveurs sont soumis aux réglementations concernant la pollution sonore.
  • La protection de l’activité : Il est obligatoire pour l’éleveur de souscrire à une assurance pour son activité d’élevage canin.

Quelles sont les autres obligations ?

Les éleveurs doivent obligatoirement inscrire leur numéro SIREN lorsqu’ils publient dans les petites annonces les ventes d’animaux. Ils doivent aussi déclarer l’âge des animaux au moment de la vente (il faut qu’ils soient âgés d’au moins huit semaines) et le numéro d’identification ou, à défaut, celui de la mère. Ils doivent aussi informer si les animaux ont été inscrits ou pas à un livre généalogique et le nombre d’animaux de la portée.

Lorsque la vente de l’animal est conclue, l’éleveur doit donner à l’acheteur les documents suivants :

  • Une attestation de cession
  • Le document d’identification de l’animal
  • Un certificat du vétérinaire attestant de la bonne santé de l’animal
  • Un document informant des caractéristiques et des besoins de l’animal

Finalement, l’éleveur doit en permanence garder à jour :

  • Le registre d’entrées et de sorties des animaux de son élevage (selon le modèle Cerfa n° 50-4510)
  • Le registre de suivi sanitaire qui détaille les différents soins reçus par les animaux (selon le modèle Cerfa n° 50-4511)
  • Le règlement sanitaire détaillant les conditions d’exercice de l’activité et la liaison avec le vétérinaire

Le modèle économique

Les revenus de l’éleveur pourront provenir soit de la vente de chiots (entre 300 euros et 3000 euros par animal) ou du prêt de son mâle pour la reproduction (saillies extérieures) en échange d’une rémunération.

En charges fixes, l’éleveur doit s’attendre, pour l’élevage et la reproduction, aux dépenses suivantes :

  • La nourriture
  • Les jouets et les accessoires
  • Les consultations et interventions du vétérinaire
  • L’assurance des chiens reproducteurs
  • L’assurance responsabilité civile professionnelle
  • Les livres et registres obligatoires
  • Les cotisations sociales MSA
  • Les frais de participation aux expositions ou compétitions canines
  • Les frais d’adhésion à un club canin
  • Les charges fixes classiques telles que l’eau, le gaz, l’électricité, le loyer etc

En charges variables, l’éleveur doit compter les dépenses liées aux éléments suivants :

  • Les frais de nettoyage
  • Les frais de saillie et de préparation associée à la saillie
  • Les frais de la mise-bas
  • Les biberons et la nourriture pour les chiots
  • Les traitements pour les nouveaux-nés
  • Les premiers vaccins
  • Les visites de santé chez le vétérinaire
  • Les passeports, livrets et kits
  • Le tatouage ou le puçage des nouveaux-nés
  • Les éventuels frais pour des tests ADN
  • Les déclarations de naissance

Il est fortement recommandé d’effectuer, avant de lancer votre activité, un calcul du seuil de rentabilité.

Le salaire d’un éleveur canin

L’activité d’élevage de chiens ne rapporte pas énormément. C’est plutôt un métier de passion, où l’éleveur peut mettre à profit son amour pour les chiens. En général, les éleveurs arrivent à se dégager un salaire légèrement plus élevé que le montant du SMIC. Ce salaire peut être plus fort selon la race élevée et vendue. Pour les races de renommée et qui sont onéreuses, l’éleveur peut toucher jusqu’à 2500 euros par mois.

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