Le Mag Digital des entrepreneurs

Que devez-vous savoir sur la clause d’inaliénabilité ?

Outil juridique qui interdit à un ou plusieurs associés de transmettre leurs actions ou leurs parts sociales, la clause d’inaliénabilité peut être appliquée pour sécuriser une donation, un legs ou une cession d’actions en SAS.

La mise en place de cette clause peut être avantageuse pour les associés qui souhaitent assurer la pérennité de la société, mais aussi pour les entreprises réunissant des associés actifs et des investisseurs. Il s’agit de sécuriser le projet en s’assurant que ces derniers restent impliqués pendant une certaine période. Voici tout ce qu’il y a à savoir sur la clause d’inaliénabilité !

La clause d’inaliénabilité, qu’est-ce que c’est ?

La clause d’inaliénabilité est une disposition qui empêche les associés de vendre leurs titres au cours des premières années d’existence de la société. C’est une clause qui est insérée dans les statuts ou dans un pacte d’associés et qui fait obstacle à la cession des titres. L’interdiction peut être totale ou partielle.

Si l’interdiction est totale, l’associé ne pourra pas céder ses titres durant la période prévue. Il sera possible tout de même d’autoriser certaines cessions, mais tout doit être mentionné dans le contrat. Si l’interdiction est partielle, la cession de titres sera possible, mais sera limitée.

Quant à la durée de la clause d’inaliénabilité, elle dépend de la forme sociale choisie. Dans le cas d’une SAS, selon l’article L. 227-13 du Code de commerce, l’inaliénabilité ne peut pas dépasser 10 années. Pour les autres formes sociales, la durée doit être raisonnable et être motivée par un intérêt légitime.

Une donation ou un legs

La clause d’inaliénabilité interdit au donataire ou au légataire de transmettre le bien reçu avant la fin d’une certaine période. Elle doit obligatoirement être justifiée par un intérêt sérieux et légitime. De plus, une durée raisonnable devra être fixée pour éviter que la clause soit indéfiniment prolongée.

Les actions de SAS

La clause d’inaliénabilité devra figurer dans les statuts de la société à la création ou en cours de la vie sociétale. Il faudra cependant que les associés soient d’accord à l’unanimité avant de procéder à la modification statuaire. La clause peut être ajoutée au contrat de cession qui est remis aux associés qui rachètent ou qui reçoivent des actions.

Ici, l’intérêt sérieux et légitime n’est pas pris en compte. Seule la notion de temporalité est considérée. Dans le cas d’un pacte d’actionnaires, la clause s’adresse seulement aux associés nommés dans le pacte. Elle peut être ajoutée au contrat et bloquer les flux pendant une certaine période, et se rapproche de la clause de préemption et de la clause d’agrément.

En cas de subvention

La clause d’inaliénabilité peut aussi être mise en place en cas de subvention, notamment lorsqu’une entreprise reçoit une subvention d’investissement pour le financement de ses activités à long terme. Si la clause est mise en place, l’entreprise sera dans l’interdiction de céder les biens acquis via la subvention pendant plusieurs années. Une période raisonnable devra d’ailleurs être définie.

La mise en place d’une clause d’inaliénabilité dans un contrat

La mise en place de la clause d’inaliénabilité se fait assez facilement. Tout commence par la préparation de la clause en avance. Vous devez vous interroger sur la portée de la clause et déterminer si elle est totale ou non. Les cessions peuvent être interdites pendant 10 ans ou alors concerner un associé uniquement qui ne pourra pas céder ses parts, par exemple. Ensuite, vous pourrez identifier les acteurs principaux, les associés visés, et les donateurs en cas de donation ou de legs.

Une fois ces informations définies, vous pourrez identifier les biens et les actions concernées, et déterminer les systèmes de levée de cause. Quant à la violation de la clause d’inaliénabilité, elle entraîne la nullité de l’opération, et qu’en cas de violation de la clause, plusieurs conséquences s’en suivent. Pour les pactes d’associés, les sanctions sont moins lourdes en cas de non-respect de la clause. Dans la plupart des cas, il s’agit seulement d’un paiement de dommages et intérêts à l’associé lésé.

Comment faire pour lever la clause d’inaliénabilité ?

Alors que la mise en place de la clause d’inaliénabilité se fait facilement, la levée de la clause se fait de manière moins évidente. C’est une opération qui est soumise à des règles strictes qu’il est nécessaire de connaître avant de lever quelconque clause. Voici les deux cas de figure :

Lever la clause d’inaliénabilité lors d’une donation ou d’un legs

Vous pourrez annuler la clause d’inaliénabilité dans le cadre d’une donation ou d’un legs si l’intérêt sérieux et légitime qui motivait l’existence de la clause a disparu, ou s’il existe un intérêt plus important que l’intérêt de départ. Le donataire ou le légataire peut disposer librement du bien si l’un de ces deux critères existe. Il peut aussi demander la levée de la clause si des motifs moraux ou familiaux sont en jeu. Il faudra toutefois que cette condition soit mentionnée dans la clause dès le départ.

Lever la clause d’inaliénabilité sur les actions de SAS

Contrairement à la donation et au legs, la clause d’inaliénabilité sur les actions de SAS ne peut être suspendue à intérêt sérieux et légitime. La levée de la clause se fait seulement en insérant une option dans la rédaction initiale de la clause. Cette opération est possible également lorsqu’un associé est exclu ou révoqué. Or, comme vous pouvez vous en douter, il faut que les clauses de la levée soient prévues dès le départ dans le contrat.

Les inconvénients de la clause d’inaliénabilité

Même si la clause d’inaliénabilité a des avantages, elle présente aussi un inconvénient majeur qu’est la possible survenance d’une situation de blocage. Dans le cas d’une mésentente entre associés, par exemple, il se peut que la cession des titres d’un associé soit nécessaire pour préserver les intérêts de la société. Or, selon l’article L. 227-19 du Code de commerce, il est possible de modifier la clause d’inaliénabilité seulement à l’unanimité des associés.

Il est aussi utile de souligner que si la clause est rédigée de manière trop stricte, elle peut faire obstacle à l’entrée de nouveaux investisseurs par le biais de cessions de titres. Enfin, une clause d’inaliénabilité mal appréhendée peut engendrer des incompatibilités avec d’autres clauses, comme une incompatibilité avec d’autres clauses notamment la clause de cession forcée et la clause d’inaliénabilité.

Continuez votre visite