Le terme d’intrapreneuriat est apparu pour la première fois il y a plus de trente ans. Cependant, son utilisation reste encore timide et la connaissance de ce que renferme ce terme est encore obscure pour plusieurs.
L’intrapreneuriat fait référence à la démarche d’entreprendre, mais, contrairement à l’entrepreneuriat qui se fait à l’extérieur en créant une nouvelle entreprise, elle implique que le lancement de nouvelles activités se fait au sein même des entreprises déjà en existence. L’intrapreneuriat permet de mettre en valeur la prise d’initiatives des employés de l’entreprise, ces-derniers se réfèrent donc à des “intrapreneurs”.
Un concept qui tend à se développer
L’intrapreneuriat est un concept qui est en plein essor. Il attire de plus en plus les grands groupes, qui se retrouvent confrontés au départ massif de cadres compétents et qui sont donc à la recherche de moyens de rétention des talents. Ces grands groupes misent sur le fait de faire jaillir le potentiel d’entrepreneuriat de leurs collaborateurs.
Les collaborateurs voient, quant à eux, leur rôle et leur mission évoluer car ils se retrouvent en mesure de proposer et de mener du début à la fin les nouvelles idées, les nouveaux services et les nouveaux produits. Ils deviennent donc des entrepreneurs au sein de leur entreprise tout en gardant leur statut professionnel.
Pour être considéré comme intrapreneur, le projet doit émaner du groupe d’employés ou de l’employé qui souhaite le mener. Sinon, cela revient à un simple groupe de travail d’entreprise. D’autre part, le projet qui sera mené doit servir la vision ou la stratégie de l’entreprise. Le projet développé par le ou les employés initiateurs peut déboucher sur un nouveau produit, un nouveau service ou une nouvelle structure.
Quels sont ses principaux avantages ?
Le concept d’intrapreneuriat est une situation gagnante tant pour l’employé que pour l’entreprise.
Avantages pour les salariés “intrapreneurs”
L’intrapreneuriat offre l’avantage de pouvoir entreprendre sans avoir à quitter son emploi. Pour le salarié, cela représente un point non négligeable puisque l’activité d’entreprendre peut se faire sans encourir les risques traditionnels de l’entreprenariat.
En effet, le financement de l’activité se fait par l’entreprise (après approbation du budget de départ), ce qui fait que le salarié n’a ni besoin d’emprunter ni besoin d’avancer de capital en mettant son patrimoine personnel en gage. De plus le salarié conservera tous les avantages sociaux que lui confère son statut actuel.
L’intrapreneuriat peut s’avérer être un accélérateur de carrière pour le salarié. En effet, le salarié aura l’occasion de mettre en avant des compétences qu’il n’a peut être pas l’opportunité de faire valoir durant ses activités professionnelles habituelles. Si l’initiative s’avère être un succès, la progression du salarié dans l’entreprise sera propulsée bien plus vite que dans le parcours usuel de promotion.
Grâce à l’intrapreneuriat, le salarié prendra davantage d’autonomie et de responsabilité dans l’entreprise, puisque la gestion de l’initiative lui sera entièrement laissée. Cette délégation de confiance équivaut à une valorisation de ses compétences et de son rôle et permet également à l’employé de retrouver du sens à son travail.
Avantages pour l’entreprise
L’intrapreneuriat est, pour l’entreprise, avant tout une politique de gestion des ressources humaines. En effet, son utilisation principale réside dans le fait que c’est un moyen de fidéliser les meilleurs employés et de profiter de leur dynamisme et de leur esprit d’innovation.
Par ailleurs, l’intrapreneuriat est aussi un très bon moyen pour les grands groupes à bout de souffle de développer de nouvelles opportunités de croissance ou de pénétrer de nouveaux marchés à travers les innovations apportées par leurs employés.
L’intrapreneuriat demande un style managérial différent du fonctionnement traditionnel, tendant plutôt vers le management flexible de la start-up. La rupture avec le fonctionnement traditionnel à tendance administrative permet d’apporter de la fraîcheur dans les entreprises et offre l’avantage de rajeunir leur image.
Ses principaux inconvénients
L’intrapreneuriat apporte aussi des contraintes qu’il convient de présenter.
Pour les salariés “intrapreneurs”
Alors que le salarié gagne en autonomie et en responsabilité, il peut se retrouver bien vite submergé par une charge de travail importante. Le salarié va devoir s’auto-gérer comme un véritable entrepreneur et cela peut mener à davantage de stress pour l’employé.
D’autre part, même si l’employé a la charge entière du projet, il n’en est pas le propriétaire. Cela peut être une source de démotivation et finir par désengager l’employé à moyen et long terme. De plus, le projet dont il a la charge doit rester cohérent et s’inscrire dans la stratégie de l’entreprise, ce qui fait que l’employé n’a pas de liberté totale pour ses choix.
En cas d’échec du projet, l’intrapreneur peut sentir sa position dans l’entreprise fragilisée. En effet, un échec mettra en lumière les faiblesses de l’employé et pourrait remettre en cause ses perspectives d’évolution dans l’entreprise.
Pour l’entreprise
L’introduction et le développement de l’intrapreneuriat au sein d’une entreprise doit être étudiée, calculée et mesurée. Plus l’entreprise a une approche traditionnelle pour le management des ressources humaines, plus il lui faudra bien se préparer en amont pour identifier, recruter et manager ses intrapreneurs.
Le succès de l’intrapreneuriat dépend surtout de la volonté de l’entreprise de développer ce style de management sur le long terme. Sans cet engagement, la communication, la validation des projets et l’encadrement des intrapreneurs risque de ne pas être convaincant et ne poussera pas les employés engagés dans l’initiative à jouer le jeu pour arriver au résultat attendu.
L’intrapreneuriat représente un risque pour l’entreprise car celle-ci va confier des responsabilités pour des projets d’envergures à des employés qui peuvent ne pas avoir toutes les compétences requises au départ et qui vont devoir apprendre au fur et à mesure de l’évolution des projets. Le succès des projets n’est pas garanti, et ces projets vont par ailleurs être consommateurs de ressources.
Finalement, l’introduction et le développement de l’intrapreneuriat peut remettre en question l’équilibre hiérarchique de l’entreprise. En effet, les équipes travaillant dans les cellules “intrapreneuriales” se retrouveront en situation de reporting matriciel.
Dans les entreprises au reporting traditionnellement pyramidal, cela peut créer des confusions et mettre en danger la hiérarchie de l’entreprise, les uns et les autres ne sachant plus vraiment qui répond à qui.
N’est pas intrapreneur qui veut !
L’intrapreneur est un salarié qui présente des caractéristiques précises telles que le goût pour l’indépendance et l’autonomie, un vrai potentiel de gestionnaire, une vraie motivation pour prendre des responsabilités additionnelles, une loyauté certaine envers l’entreprise et une confiance en la stratégie de l’entreprise.
Au vu des risques que prendra l’entreprise pour le succès de l’intrapreneuriat, le choix des intrapreneurs doit être fait avec rigueur et seuls les employés vraiment prometteurs et que l’entreprise ne souhaite pas voir partir devront être sélectionnés.