En tant que dirigeant, vous avez de nombreuses responsabilités et vous devez être prêt à toute éventualité, dont l’absence injustifiée de vos salariés. En effet, il peut arriver qu’un salarié ne se présente pas au travail et qu’il soit absent depuis plusieurs jours déjà, tout en vous laissant sans nouvelles. C’est ce qu’on appelle l’abandon de poste.
Cette absence injustifiée et prolongée sans date de retour suit une procédure bien stricte et peut impliquer le licenciement pour faute grave. Comment réagir lorsqu’il y a un abandon de poste ? Quelle est la procédure de licenciement à suivre ? Réponses dans cet article.
Qu’est-ce que l’abandon de poste au juste ?
Avant tout, il est nécessaire de définir ce qu’est un abandon de poste. Tout dirigeant s’est un jour retrouvé dans une telle situation : un salarié en CDD ou en CDI s’absente du jour au lendemain, sans vous prévenir ni vous indiquer une éventuelle date de retour. Il s’agit ici d’une absence injustifiée qui peut conduire au licenciement pour faute grave. Or, pour licencier un salarié pour abandon de poste, le dirigeant devra obligatoirement suivre une procédure bien spécifique, car toutes les absences injustifiées ne sont pas forcément des abandons de poste.
C’est pour cela qu’avant d’envisager le pire, vous devrez nécessairement prendre des mesures pour connaître le motif de son absence, soit par appel, par mail, par courrier ou par la communication avec ses proches. Il faudra dans un premier temps prendre connaissance de la situation et valider qu’il s’agit bien d’un abandon de poste. Notez qu’un salarié hospitalisé peut être dans l’incapacité de vous prévenir et qu’il peut en fait s’agir d’un congé maladie.
Il est important de souligner que certains salariés préfèrent abandonner leurs postes plutôt que de démissionner, tout simplement parce que l’abandon de poste est plus avantageux pour eux que la démission. Ils pourront avoir droit au chômage si l’abandon de poste est suivi d’un licenciement, alors qu’en cas de démission, il n’y a aucun droit au chômage possible. En aucun cas, les absences répétées et injustifiées ne pourront être considérées comme une démission par l’employeur.
Bon à savoir : l’abandon de poste peut être temporaire ou non, et donc de plusieurs jours consécutifs ou alors de sorties pendant les heures de travail, sans demande préalable.
Les réactions obligatoires, possibles et impossibles en cas d’abandon de poste
Comme nous le disions, l’employeur devra suivre des procédures bien strictes en cas d’abandon de poste par un de ses salariés. La réaction que vous aurez sera déterminante, car elle pourra se retourner contre vous. Autant être prudent et se renseigner sur les réactions obligatoires, possibles et impossibles.
La mise en demeure pour la reprise du poste (obligatoire)
La première chose à faire si vous constatez un abandon de poste est de tenter de contacter le salarié concerné. Vous devrez lui demander de justifier son absence et de le mettre en demeure pour qu’il reprenne son poste. Si le salarié ne parvient pas à justifier son absence prolongée, vous pourrez alors cesser de le rémunérer.
La lettre recommandée avec accusé de réception doit comprendre plusieurs informations. Elle doit indiquer la date de début d’absence du salarié, le fait qu’il n’a ni prévenu ni apporté de justificatif à son absence et expliquer les conséquences de cette absence injustifiée sur la situation et le fonctionnement de l’entreprise.
Le type de licenciement applicable (possible)
Vous pourriez être tenté de vouloir licencier un employé qui ne se présente plus à son poste. Or, la législation est très claire à ce sujet. Vous devrez donc suivre la procédure de licenciement pour abandon de poste pour ne pas vous retrouver dans une situation délicate. La lettre de mise en demeure incitant le salarié à reprendre son poste est très importante. Si vous n’obtenez aucune justification après avoir envoyé la lettre, vous pourrez alors penser au type de licenciement qui convient le mieux.
Concrètement, si le licenciement pour cause réelle et sérieuse est appliqué lorsque l’abandon de poste cause une désorganisation de l’entreprise. L’employé pourra dans ce cas précis bénéficier d’une indemnité de licenciement. Quant au licenciement pour faute grave, il est appliqué lorsqu’un employé a déjà été mis en garde sur son absence injustifiée. Si tel est le cas, le salarié n’obtient aucune indemnité de licenciement.
Si vous décidez de licencier le salarié, vous devrez attendre au moins 2 jours ouvrables après la date de l’entretien pour notifier la sanction au salarié et au maximum 1 mois après la date de l’entretien. À noter également que vous disposez de 6 semaines au maximum à compter du constat de l’abandon de poste (mise en demeure) pour entamer une procédure de licenciement pour faute grave. Passé le délai de 2 mois, vous ne pourrez ni licencier ni sanctionner le salarié en question.
Enfin, il est judicieux de rappeler que l’employeur ne peut pas décider de prononcer le licenciement pour abandon de poste, au risque de s’exposer à une requalification en licenciement abusif, soit non justifié. C’est notamment le cas d’un employé qui se rend chez le médecin pour des raisons de santé ou encore qui se rend à l’enterrement d’un proche.
Après, rien ne vous empêche de penser à une autre sanction disciplinaire, mais sachez que cela n’est pas forcément utile. Il peut s’agir d’un blâme, d’une lettre d’avertissement ou d’une rétrogradation.
À propos du droit de retrait
Un employé qui a un problème ou une difficulté importante comme un état de santé préoccupant, un accident ou un problème familial peut exercer son droit de retrait. En tant qu’employeur, il sera de votre responsabilité de prendre de ses nouvelles dans les 48 heures. Vous pourrez recueillir quelques informations auprès de ses collègues ou ses supérieures pour savoir si l’absence n’est pas liée à un évènement particulier.
Attendez toujours un délai de 2 jours avant d’aller plus loin dans vos démarches et de considérer cette absence comme un abandon de poste, car l’employé pourra vous faire parvenir un arrêt de travail sous 48 heures.